Essai #15 : par exemple un bout de bonheur
Rien à dire. Je suis bien, là, comme ça. Je vais me faire un café, manger un yaourt, voilà, c’est ça. Surtout ne pas parler. Rester tranquille. Bouger à peine. Fumer une cigarette. Je ne vais pas me fatiguer. Pour une fois, là, je ne vais pas me battre, je ne vais rien faire, rien. C’est bien, comme ça. Voilà. Du calme, du calme, du calme. Ne voir personne, ne pas parler, ne pas se fatiguer. Je suis bien comme ça. Il y a de la buée partout dans la salle de bain. Il fait moite. C’est bon. Bouger à peine. Ne pas se fatiguer. Ça fourmille dans le corps. Je me prélasse. Je suis bien. Ça fait combien de temps que je n’ai pas arrêté de me battre, je ne sais pas. Je ne veux pas me fatiguer à réfléchir. Je suis bien, ça va, là, comme ça. Ne pas bouger, ne rien dire. Tout va bien. C’est bon. C’est incroyable comme c’est bon. Il y a ce bruit d’eau d’une bouche d’incendie, ou de je ne sais pas quoi, je ne veux pas chercher, je suis bien, je ne veux pas savoir, qui fuit, c’est le seul bruit dans la nuit. Ça me berce, c’est bon, je suis bien. Ne rien dire. Ne pas bouger. Là, comme ça, je suis bien, c’est bon, c’est incroyable comme c’est bon. Ne faire aucun effort d’aucune sorte, pas besoin, je suis bien, voilà, là, comme ça, oui, c’est bon. Ne pas faire de bruit. Je suis bien, là, voilà, oui. Ne pas parler. Il y a les voix des gens dans la rue, ça m’agresse. Je suis bien, ne pas troubler mon bien-être. Ne pas bouger. Ne rien faire. Savourer. C’est bon, oui, voilà, je suis bien, comme ça. Ne rien faire, surtout ne rien faire, des fois que ça s’arrête.